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HUIS-CLOS- JEAN-PAUL SARTRE ( LES MARTYRS) + GILBERT BECAUD

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 HUIS-CLOS

Pas besoin de gril, l’enfer, c’est les autres…

Une pièce forte qui se présente un peu comme un thriller, signée Jean-Paul Sartre. La pièce la plus célèbre de cet écrivain et philosophe français du vingtième siècle.

Huis-Clos - Théâtre en Liberté - Dolorès Delahaut, Stéphane Ledune et Sylvie Perederejew - Crédit Isabelle De Beir - IMG_2314.jpg

 

Un garçon d’étage introduit dans un lieu clos et indéfinissable Garcin, journaliste-publiciste, Inès l’ancienne employée des Postes et Estelle , la mondaine.

Ainsi vont débuter trois procès.

Dans un hallucinant huis-clos, la grande porte d’entrée et la seule fenêtre où ils se trouvent sont bouclées de l’extérieur ; les personnages vont mener un combat de vocables. Ils s’interrogent sur leur damnation et se cachent sous le masque de la mauvaise foi. Chacun a besoin de l’autre pour exister, prendre conscience de soi ; le regard d’autrui devient aussi une menace.

« Dans les périodes de crise qui en appellent plus à la conscience qu’au divertissement, Sartre demeure une vigie exemplaire , un fossoyeur de l’ombre » ( Franck Laraque)

Etrange ce garçon d’étage, est-il réellement un garçon d’étage ou...?

Nous avons à faire travailler  nos petites cellules grises puisque nous sommes en « enfer » avec des morts ! 

Huis-Clos - Théâtre en Liberté - Dolorès Delahaut et Sylvie Perederejew - Rouge à lèvres - Crédit Isabelle De BeirIMG_2092.jpg

Deux femmes, un homme se retrouvent dans cette pièce. Ils ne se connaissent pas, ils viennent de milieux différents, ne partagent ni les mêmes conviction, ni les mêmes goûts.

Garcin, fusillé en raison de sa fidélité au pacifisme, croit qu’il est un héros. Il se montre pourtant perfide.

Inès a fait voler en éclat le couple de sa meilleure amie, elle est morte asphyxiée,

Estelle a été la femme d’un vieil homme très riche. Elle a été aussi la maîtresse d’un jeune homme et a commis le meurtre de l’enfant qu’elle a eu de ce dernier. Elle est morte d’une pneumonie. Elle ne cesse de frauder avec la vérité.

Ils sont trois pécheurs. Au début, ils s’observent et au fur et à mesure ils vont s’entre-dévorer dans une lutte sans merci.

Mais pas de blessures physiques, que des blessures mentales.

L’ENFER

Celui décrit par Sartre est tout simplement un salon empire, sans miroirs, sans instruments de tortures.

Sartre : Rien qu’une souffrance de tête, un fantôme de souffrance, qui frôle qui caresse et qui ne fait jamais assez mal !

Trois  bancs siègent dans cette pièce carrée.

Le lieu n’ayant pas de miroirs, c’est le regard de chacun qui servira de miroir et ce regard a la force du vitriol !

Il n’y a pas de bourreau, ils sont trois bourreaux , c’est du self-service.

C’est cela le raffinement de l’enfer de Sartre, l’infernal et éternel huis clos.

Une heure trente de suspense, de mensonges, de combats, d’arrachements, de mouvements violents, de propos dramatiques.

Jean-Paul Sartre : Quand on écrit une pièce, il y a toujours des causes occasionnelles et des soucis profonds. J’ai écrit cette pièce en 1944, à une époque où j’avais trois amis que je voulais faire jouer dans la même pièce sans avantager aucun d’eux.

Je me suis demandé comment je pourrais mettre ensemble ces trois personnes sans jamais faire sortir l’une d’elles et les garder sur la scène jusqu’au bout comme pour l’éternité.

C’est là que m’est venue l’idée de les mettre en enfer et de les faire chacun le bourreau des deux autres.

Ces personnages ne nous ressemblent pas en ceci que nous sommes vivants et qu’ils sont morts. Bien entendu, ici « mort » symbolise quelque chose. Ce que j’ai voulu indiquer, c’est précisément que beaucoup de gens sont encroûtés dans une série d’habitudes , de coutumes , qu’ils ont sur eux des jugements dont ils souffrent mais qu’ils ne cherchent même pas à changer. Et que ces gens-là sont comme morts.

 

Huis- Clos - Théâtre en Liberté - Stéphane Ledune - Crédit Isabelle De Beir - IMG_1901.jpg

 Deux femmes et un homme se retrouvent en enfer. Ils ne se connaissent pas et sont de caractère diamétralement opposé, mais ils finissent par nous avouer leur mal-être et nous faire part de leur douleur et de leur angoisse dans un jeu d’attirance –répulsion sans fin.

On peut parler d’une longue psychanalyse à trois : Garcin l’intellectuel macho au courage défaillant ; Inès – la prolétaire qui n’aime pas les hommes et nous montre ses désirs lesbiens; Estelle la bourgeoise sensuelle aux failles psychologiques profondes.

Huis-Clos - Théâtre en Liberté - Dolorès Delahaut et Sylvie Perederejew - Crédit Isabelle De Beir - IMG_1978.jpg

Sartre ne prend jamais parti ni pour l’un ni pour l’autre. Il ne juge pas mais nous laisse avec ses personnages face à nos mensonges, nos contradictions et nos petites et grandes lâchetés.

Sartre : Nous sommes en enfer. Personne ne doit venir. Personne. Nous resterons jusqu’au bout seuls ensemble. 

La disposition de la salle est intelligemment conçue : les sièges sont disposés en « carré ». Nous, spectateurs, nous nous voyons  face à face. Pas de demi-teinte, une lumière puissante qui accompagne le jeu des quatre acteurs.

Marcel Delval (metteur en scène) Les spectateurs sont invités à participer à un moment d’enfer, heureusement pour eux pas à une éternité d’enfer !

« HUIS CLOS«  est une pièce qui ne manque pas d’humour, car elle joue sur les mythes et les superstitions ancestrales.

Mais, l’enfer de Sartre n’est pas celui des légendes, c’est tout autre chose, « l’enfer c’est les autres » c’est à dire Vous !

Idée géniale de Marcel Delval : Avoir fait construire un dispositif scénique qui nous invite tous au voyeurisme.

Les quatre comédiens se livrent donc à un jeu de mise à nu.

Sartre : J’ai voulu montrer par l’absurde l’importance chez nous de la liberté, c’est-à-dire l’importance de changer les actes par d’autres actes. Quel que soit le cercle d’enfer dans lequel nous vivons, je pense que nous sommes libres de le briser. Et si les gens ne le brisent pas, c’est encore librement qu’ils y restent. De sorte qu’ils se mettent librement en enfer.

Huis-Clos - Théâtre en Liberté - Stéphane Ledune et Sylvie Perederejew - Crédit Isabelle De Beir - IMG_2282.jpg

HUIS-CLOS, DU THÉÂTRE À L’ETAT PUR !Du théâtre passionnant ! Captivant !

L’année de la création de cette pièce, 1944, fut marquée à la fois par l’occupation, le débarquement et la libération.

Ce contexte d’écriture est d’autant plus visible dans l’œuvre en la personne de Garcin, journaliste pacifique exécuté pour cause de désertion du champ de bataille.

HUIS-CLOS

Les trois personnages nous « jettent » au visage leurs tourments et leurs angoisses, leurs mensonges et leurs luttes et combats. On se sent quelque peu troublé, menacé, essayant d’établir une certaine vérité pour chacun. On se sent prisonnier à notre tour avec des interrogations et pensées étranges, inquiétantes et morbides sur ce que peut être l’enfer ! Diabolique !

L’enfer, c’est les autres !

Une pièce d’un mécanisme rigoureux, presque mathématique car fondée sur le triangle que forment les personnages.

 LES COMEDIENS

Huis-Clos - Théâtre en Liberté - Stéphane Ledune, Sylvie Perederejew et Dolorès Delahaut - Crédit Isabelle De Beir - IMG_2388.jpg

Stéphane Ledune (Garcin), Dolorès Delahaut(Estelle)Sylvie Perederejew(Inès) sont tout à fait remarquables. Ils sont d’une vérité étonnante dans leur personnage intégré en eux.Ils ne « jouent » pas, ils «  sont » ! C’est bien là toute la justesse de l’art théâtral !

A ces trois rôles principaux vient s’ajouter celui de Jaoued Deggouj, le « garçon » d’accueil, d’une tenue condescendante , quelque peu méprisante...

Mise en scène fulgurante deMarcel Delval.

Assistant à la mise en scène : Thibaut Wenger

Costumes : Anne Compère

Scénographie : Stéphane Ledune et Marcel Delval

Régie et Création lumières : Bruno Smit

Photos : Isabelle De Beir

HUIS CLOS - JEAN PAUL SARTRE

Jusqu’au 06/02/16

THEATRE DE LA PLACE DES MARTYRS (PETITE SALLE)

Place de la Place des Martyrs 22 – 1000 Bruxelles

Infos Réservations : 02 / 223 32 08

 

COMPLEMENTS AU SPECTACLE

Une interview de Jean-Paul Sartre sur sa pièce «  Huis-Clos »


 

Je vous propose maintenant un montage sur « Le Huis clos au cinéma ». Amusant !

 

 

Amis de l’émission/blog «  Les Feux de la Rampe «  , un grand merci pour votre présence et votre attention sur ce blog.

Notre moment de séparation : Ce soir vers 22h sur France 5 : un documentaire sur Gilbert Bécaud que l’on surnommait « Monsieur 100 000 volts »  et qui a été la première idole des jeunes.

J’adorais Bécaud. Je l’ai interviewé plusieurs fois pour mes émissions radio lors de ses concerts en Belgique.

Ce documentaire revient sur l’épopée d’un monstre sacré.

Bonne écoute et à tout bientôt !

 

Roger Simons


 

 


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