HOMME SANS BUT (OCEAN NORD )(republication)
Peter : Ici, ici sera la ville...
Frère : Toute une... ville ?
Peter : Ne recommence pas ! J’ai pris ma décision. Ici elle sera. La ville. La première pierre. Ici, nous la poserons...
Frère : C’est si important ?
Peter : Quoi ?
Frère : L’endroit où l’on posera la première pierre.
Peter : C’est important. Le centre de la ville. La grande place d’où partiront les rues principales.
Frère : Ici ce sera une place ?
Peter : Une place, oui. Et des quais qui longeront le boulevard du front de mer. Ce sera beau, non ?
D'ARNE LYGRE, L’AUTEUR-
COLINE STRUYF, LA METTEURE EN SCENE.
«Homme sans but » est une tragédie contemporaine.
Arrivé sur les côtes d’un fjord, le déterminé et richissime Peter décide d’y bâtir une ville.
Sa famille l’accompagne dans cette entreprise irréalisable.
Peter et son entourage entretiennent des relations singulières :il est celui qui a l’argent et eux sont soumis à cette dépendance.
Derrière ces billets qui s’échangent de main en main s’ébauche un jeu de pouvoir où la perversité et la perdition s’entremêlent...
« Revendiquer le mensonge de l’imagination comme réponse ou mensonge de la réalité » (Jan Lauwers)
ARNE LYGRE
C’est un sujet qui fait rêver bien évidemment.
C’est une idée singulière de l’auteur norvégien Arne Lygre , né à Bergen en 1968.Sa première pièce « Mamma og meg og men, traduite en français , allemand et anglais , a été créée en 2005 au Théâtre National d’Oslo.
Il a écrit également de nombreuses nouvelles et romans.
COLINE STRUYF
Diplômée d’ l’INSAS en 2006, Coline a mis en scène, trois ans plus tard, sa première pièce au Théâtre Océan Nord « Un fils de notre temps », d’après le roman d’Odön von Horvath....
Et petit à petit se sont enchaînées d’autres rencontres des plus importantes pour sa carrière dont le Théâtre National qui a programmé cette pièce en lui proposant de devenir jeune metteure en scène associée.
HOMME SANS BUT
C’est une tragédie contemporaine qui commence sur les côtes d’un fjord.
Coline Struyf : En fait, l’histoire peut se résumer en quelques mots, mais ce serait trahir toute la beauté, la subtilité et ...le secret.
Que puis-je vous raconter ? Un mensonge ?
Je commence donc par le début : Il était une fois un homme très très très riche qui se prénommait Peter. Un jour, il décida de bâtir une ville...
La famille et l’argent sont convoqués dans ce décor imaginaire scandinave où chacun s’efforce de jouer son rôle avec conviction.
C’est un conte étrange où le vrai et le faux s’entremêlent si longuement que l’on en perd l’équilibre.
« Ici »comme le dit Peter, la réalité et les identités vacillent jusqu’au vertige.
Et pourtant...dans cette histoire, tout est réel.
HOMME SANS BUT
Cette histoire étrange et curieuse sur de nombreux plans relate la construction d’une civilisation.
Un homme, Peter, déclare à son frère qu’il va ériger une ville sur des marécages, là où il n’y a rien.
Cette ville émergera et grandira. L’archétype de la fondation est évoqué ici dans un paysage culturel scandinave.
Un regard « exotique » qui n’altère pas le mythe fondateur.
Coline : Le thème de l’argent s’y insère comme une nouvelle croyance, une interface incontournable entre soi et le monde.
PAUSE MUSICALE
Ce qui m’a personnellement le plus intéressé, c’est l’écriture et le jeu des acteurs. Tout d’abord, les dialogues sont vraiment très courts, des bouts de phrase, je dirais presque des bouts de mots. Ces mots sont incisifs et vont à l’essentiel.
Coline : Oui et dès lors, le plaisir du mot n’est pas dans sa durée, sa mélodie, mais dans son impact qui génère une certaine musicalité. Un genre rythmique différent de la langue théâtrale habituelle.
J’ajouterai que ces répliques très courtes sont néanmoins percutantes.
Elles permettent de sublimer des échanges directs entre les personnages.
Les « hyper-répliques » sont la marque de fabrication d’Arne Lygre . C’est ainsi que les personnages parlent d’eux-mêmes à la troisième personne.
Ce n’est pas évident pour le spectateur de suivre cette technique.
Ce procédé peut provoquer un trouble lié à une démultiplication des acteurs.
Une sorte de palais des glaces s’édifie devant nous, spectateurs, à mesure que le vertige s’installe... On peut se poser des questions comme « Qui sont-ils réellement ? Derrière quelle façade se cachent-ils ? Pour quelles raisons ?...
C’est bien ce qui m’est arrivé hier soir au cours de la représentation.
HOMME SANS BUT
Le fait aussi que le grand plateau du théâtre se présente complètement nu (une seule grande table qui va situer les emplacements où se rendent les personnages)
Et puis cette brume, épaisse, quasiment permanente, qui recouvre le plateau.
Ces éclairages modérés...Ces musiques qui se font entendre...Ce va et vient des acteurs.
La mise en scène de Coline Struyf est très intéressante, pleine d’idées nouvelles. Elle nous plonge dans une ambiance irréelle, imaginaire...
Coline : Réellement, j’ai voulu proposer un partage d’expérience. En lisant la pièce, j’ai vécu quelque chose d’intense que j’aimerais que le spectateur puisse vivre. Quelque chose qui est de l’ordre du vertige et qui interroge radicalement le vrai et le réel.
Franchement, je n’ai pas tout saisi. Je me suis posé beaucoup de questions.
Le texte m’échappait parfois, les voix se percutaient à certains moments dans ce grand lieu réverbérant.
Mais j’ai trouvé formidable la manière dont Coline a dirigé ses six comédiens, leur donnant un cachet tout particulier quant à leur jeux de scène et leur élocutions.
Selma Alaoui (la femme)
Nicolas Buysse (le frère)
Fabien Dehasseler (Peter)
Philippe Grand’Henry (le propriétaire/assistant)
Amandine Laval (la fille)
Line Mahaux (la sœur)
Mise en scène : Coline Struyt
Scénographie : Sophie Carlier
Lumière : Amélie Géhin
Costumes : Claire Farah
Son : David De Four
Assistanat : Amel Benaïssa avec la collaboration d’Alice d’Hauw
Construction : Michel Mandoux
Sensibilisation des publics : Emilie Maquest
Chargé de production et de développement : Clément Dallex Mabille
Crédit photo décor : Jiri Havran
Travail sur la photo du décor : Mathlde Glocheux
Traduction : Terje Sinding
Collectif « Mariedl »
Photos : Michel Boermans
(Avec des extraits de la pièce D’Arne Lygre et des propos programmés dans le programme du théâtre)
COLLECTIF MARIEDL
Composé de Selma Alaoui, Emilie Maquest et Coline Struft, ce collectif résulte d’une volonté de se réunir pour développer une force de travail artistique
MARIEDL crée une énergie qui nourrit les projets de chaque membre pour générer des objets scéniques novateurs et radicaux.
L’énergie de Mariedl permet de préciser les lignes artistiques propres à chaque projet et donne à chaque artiste le pouvoir de déployer son identité et d’affiner son langage sur le long terme.
L’écriture de plateau et l’élaboration de projets hybrides (nouvelles écritures, mélange des médias) constituent la ligne artistique de Mariedl.
Ainsi Mariedl insuffle une dynamique théâtrale solide et en mouvement continu.
UN HOMME SANS BUT
D’Arne Lygre
Jusqu’au 05 mars 2016
THEATRE OCEAN NORD
Rue Vandeweyer 63/65 - 1030 Bruxelles
Infos Réservations : 02 / 216 75 55
Les musiques que vous avez entendues sont celles du spectacle. Vous trouverez leurs titres dans le programme.
Amis de l'émission " Les Feux de la Rampe ", merci de votre présence sur ce blog.
Notre moment de séparation : Un rappel de la soirée télé ce soir à 20h55, un hommage à Annie Girardot.(France 3)
A la suite de ce documentaire émouvant , projection du film réalisé par Michel Audiard " Elle boit pas , elle fume pas , elle drague pas, mais...elle cause".( FRANCE 3 - 22h45) Ses partenaires : Bernard Blier et Mireille Darc.
On t'aimait bien Annie !
Amis du bloc ,je vous retrouve tout bientôt !
Roger Simons
Roger Simons