Linden ? C’est une section de la commune belge de Lubbeek située en Région flamande dans la province du Brabant flamand...
C’est là que se situe l’action.
J’AI PORTE LONGEMPS LEURS PAROLES SANS SAVOIR CE QU’IL FALLAIT EN FAIRE ...
Un homme convoque sur scène ses grands-mères, Eugénie et Clairette.
La première, Flamande, est fille du garde-chasse.
La seconde, francophone et cosmopolite, est la fille du Général de Witte.
Leurs destins se sont croisés au Château de Linden.
Le petit-fils questionne le silence qui a régné entre elles...
Véronika Mabardi, l’auteure, puise dans son histoire intime et évoque la Belgique telle qu’elle était il y a deux générations : ses souvenirs de guerre, ses conflits linguistiques , ses anecdotes savoureuses et cocasses..
En voilà une pièce intéressante, amusante, bien écrite et remarquablement jouée par Valérie Bauchau( la francophone) et Véronique Dumont( la Flamande).
Michael Delaunoy (directeur du Rideau de Bruxelles) :
Deux voix de femmes, deux origines sociales, deux cultures distinctes et un dialogue impossible qui ne peut prendre corps que par l’entremise d’une troisième voix , qui convoque les deux premiers , pour tenter de comprendre ce que ces deux grand-mères se sont dits , ou plutôt ne se sont pas dits , ce jour-là à Linden.
Silence familial, silence de l’histoire.
Nous sommes en Belgique, pas de doute , de ce que se diront ces deux femmes , tout semble anecdotique et pourtant tout est essentiel. Et c’est là que réside l’art de Véronika Mabardi, qui par ces mille et une anecdotes savoureuses, drôles, touchantes , réussit à nous faite croire que cette famille est bien la nôtre.
Veronika Mabardi est née à Leuven en 1962. Un maman flamande, un papa à moitié belge, à moitié égyptien.
Veronika (l’auteure) : La première phrase que j’ai apprise à écrire c’est : « een man met een aap ».
Giuseppe Lonobile (metteur en scène) : Quand j’ai lu « Loin de Linden », j’ai tout de suite pensé qu’il s’agissait d’une œuvre intime à vocation universelle. Une oeuvre à la fois charnelle, autobiographique et historique , voire sociologique.
A traves le prisme d ces deux récits croisés, de ces deux vies touchante et représentatives d’une société, on comprend que c’est la Belgique dont il est question.
INTERVIEW-ENTRETIEN AVEC GIUSEPPE LONOBILE
Cédric Juliens ( intervieweur) : Quel a été le déclic qui t’a poussé à monter « Loin de Linden » ?
Giuseppe : La lecture du texte lors d’une résidence d’Ecriture de Véronika au Centre des écritures dramatiques à Mariemont.
Avec Véronique Dumont et Valérie Bauchau, on a lu une version de travail et il s’est passé quelque chose de magique. Deux semaines plus tard j’ai appelé Véronika , je lui ai dit simplement : je veux le faire avec cette équipe là.
Il me fallait un acteur pour jouer le rôle du petit-fils. C’était trop petit pour faire appel à quelqu’un de l’extérieur, j’ai décidé de l’incarner en tant que metteur en scène qui « convoque » deux actrices à rejouer une séquence du passé.
Cédric Juliens : « Linden » , c’est l’histoire d’une confession-réconciliation ?
Giuseppe : Ces deux femmes se disent ce qu’elles ne se sont jamais dit. Mais ce n’est peut-être que le fantasme du petit-fils.
C’est cela que je trouve étonnant : d’une « non-rencontre » nait un peu plus d’une heure vingt de spectacle fait de tensions et de lâcher-prise.
Elles se quittent,certes comme elles ont vécu, mais avec la connaissance de ce que l’autre a ressenti durant toutes ces années.
Cédric Juliens : En fait , le petit-fils demande de « raconter le silence » ?
Giuseppe : Plus on joue la pièce, plus on découvre des couches. « Pourquoi dit-elle cela ? »Avant d’être des récits de vie , ce sont des grands mères qui reproduisent par leurs gestes , leurs tons des rapports de classes , de pouvoir et de tempérament.
Le texte est tellement riche que j’ai dit aux deux comédiennes au cours de la tournée « si vous voulez modifier quelque chose dans l’interprétation, faites-le , ne vous frustrez pas, sentez-vous libres » Je n’ai pas calé la partition, rythmique du texte. On se fait mutuellement confiance.
On dépasse le cliché de classe pour voir comment chacune a traversé sa vie, avec ses propres ressources en s’accrochant à des valeurs un peu dépassées - celles de l’aristocratie pour l’une (Clairette), de la servante croyante pour l’autre(Eugénie)
L’être humain est complexe. Ici tout l’enjeu est de briser ce silence...Ce n’est pas si tendre : il s’agit d’histoires de frustrations nourries avec le temps.
(Extraits de la rencontre : Cédric Juliens/Giuseppe Lonobile)
Attention, c’est une pièce où l’on rit beaucoup de par l’interprétation des deux comédiennes. En premier : Véronique Dumont qui fait vivre son personnage avec une certaine douleur mais avec une franche partie de joie. Le ton qu’elle donne à Eugénie est d’une formidable vérité, sa gestuelle également, ses éclats de rires sonores, ses gestes de tous les jours où elle prépare deux tasses de café, sa façon de manger une petite tartine en la trempant dans sa tasse, et l’accent qu’elle prend mi flamand mi wallon. Elle est incroyable. On a envie de l’aimer !
Valérie Bauchau , c’est tout le contraire . Elle représente bien la haute société, le côté quelque peu bcbg. Elle est discrète et observatrice. Elle est belle à ravir. On a aussi envie de l’aimer.
Un duo féminin que l’on n’est pas prêt d’oublier.
Giuseppe Lonobile , sur scène, reste dans l’ombre, pose des questions à l’une et à l’autre. Il veut savoir.
Cette pièce a aussi le mérite de nous faire découvrir la vie d’autres époques lointaines. Intéressant !
Sur le plateau : une table et quatre chaises, c’est tout ! Il n’en faut pas plus.
Giuseppe Lonobile : Par les temps qui courent, où l’humanisme passe après les intérêts financiers , où les loups ne se cachent plus , j’espère faire acte de résistance.
Chaque décennie apportant son lot d’espoirs, de frustrations, de blessures et de renouveau.
En mettant en scène ce texte , je souhaite inviter le public à s’immerger totalement dans la vie des femmes et des hommes qui ont été pris dans le courant de ces années folles.
« LOIN DE LINDEN » EST UNE ŒUVRE QUI INTERROGE NOTR PROPRE RAPPORT A L’AUTRE...
Ce spectacle est au Rideau de Bruxelles pour quelques jours.
Il repartira dès le jeudi 18.02 un peu partout en Belgique.
Je vous signale que la salle est remplie chaque soirée.
Un monde fou veut voir cette pièce. Alors, prenez vos précautions si vous désirez rendre visite à Eugénie et Clairette...
DISTRIBUTION
Avec Valérie Bauchau , Véronique Dumont et Giuseppe.
Ecriture : Veronika Mabardi
Mise en scène, scénographie et costumes : Giuseppe Lonobile
Création lumières et régie : Fabien Laisnez
Direction technique : Raymond Delepierre
Régie lumière : Gauthier Minne
Habilleuse : Nina Juncker
Photos du spectacle : Alice Piemme et Jan Van Belle.
Le texte de la pièce est publié aux éditions Lansman.
LOIN DE LINDEN
Jusqu’au 17/02/16
AU RIDEAU DE BRUXELLES
Rue Goffart 7 a – 1050 Bruxelles
Infos Réservations : 02 / 737 16 01
Amis de l’émission/blog « Les Feux de la Rampe » , vous êtes nombreux à consulter mon blog. Un grand merci.
Notre moment de séparation :Le « Toine Thys Trio » demain , mercredi 10/02 a, au Jazz Station, chaussée de Louvain 193 a – 1210 Bruxelles.
Toine Thys est un saxophoniste aventureux et énergique, et sa sonorité toujours pleine et chaleureuse.
Ils sont rois :
Toine Thys sax ténor et soprano, clarinette basse)
Arno Krijger ( orgue Hammond )
Antoine Pierre ( batterie)
Bon amusement !
A tout bientôt !
Roger Simons
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