Ou est-il ?Ici , plus bas...
Le premier super-héros de l’Histoire.
Tous les hommes et femmes masqués qui éclaboussent les cases des comics américains et les écrans de ses enfants illégitimes.
Noir et anonyme est ce géant qui domine la ville, spectre aux yeux gris qui s’efface sans laisser de traces. Il n’a pas de visage. Il a tous les visages. Il est tout le monde et personne. Il est le mal en chacun de nous
Fantômas imaginé dans les années 1910-1911 par Pierre Souvestre et Marcel Allain.
La silhouette encagoulée du maître du crime devient une figure emblématique de la littérature populaire de la Belle Epoque et du serial français à la suite de la diffusion des 32 romans des deux coauteurs et de 5 adaptations cinématographiques réalisées par Louis Feuillade, années 1913-1914.
Interruption des parutions, on est en guerre.
Reprise de nouveaux films quelques années plus tard 1930-1940, puis d’une adaptation comique très libre avec Jean Marais et Louis de Funès durant les années 60. Lointainement inspiré des criminels des films de James Bond, ce Fantômas au masque bleuâtre demeure la plus célèbre version à ce jour éclipsant parfois l’oeuvre originale.
Du côté de la radiodiffusion française, il y a eu plusieurs dramatiques et feuilletons.
Et en Belgique, à la RTBF, dans les années 60, j’ai réalisé un long feuilleton-radio consacré à Fantômas , diffusé tous les midis sur la première chaîne : 72 épisodes qui représentaient deux millions de centimètres de ruban magnétique, 90 comédiens, 187 rôles, 70 jours d’enregistrement en extérieur. Ca parle ! Je vous raconterai cette formidable aventure d’ici à quelques jours...
à suivre)
ET LE THEATRE ...
Il y a eu diverses versions au fil du temps, en France et en Belgique. Pas très connues. Impossible de trouver des éléments concrets sur des spectacles éventuels.
Il y eu une version au Rideau de Bruxelles , en 1984, mise en scène par le regretté Bernard De Coster, interprétée par Jules-Henri Marchant dans le rôle de Fantômas.
Une version, qui n’a vraiment rien de commun avec celle que nous voyons en ce moment au Théâtre Royal du Parc.
Cela dit il existe au moins 43 volumes des aventures de Fantômas par Pierre Souvestre et Marcel Allain (Edition Arthème Fayard)
L’importance conférée au personnage de Fantômas s’explique par le fait qu’il incarne pour toute une génération « l’homme moderne, » dandy d’un genre nouveau, impassible et moral, maîtrisant à merveille les technologies et les médias de son temps.
Sa devise : « Je suis partout » en fait le héros d’une époque fascinée par la « simultanéité » qu’autorisent les nouveaux moyens de communication
Capable de s’introduire en tous lieux à la faveur de la nuit, de déguisements impeccables ou la complicité d’agents dormants, Fantômas est partout à la fois.
Il est le parfait héros moderne.
Et c’est bien cela qui est particulièrement intéressant dans la pièce de Thierry Janssen On ne sait pas à quelle époque exacte se déroule l’action ; les costumes appartiennent à une époque lointaine, les décors (nombreux, faussement« vieillots », mobiles) situent quelque peu une époque du 19ème siècle...mais Fantômas se sert du téléphone.
Le style de Fantômas est celui de la presse qui relate quasi instantanément ses méfaits.
Le temps de Fantômas est celui du direct permanent... cette créature de l’ombre et de la nuit, des toits et des égouts ...Le style de Fantômas indique celui de la publicité, ses cartes de visite à l’encre sympathique laissent sur les lieux du crime son nom « Fantômas » .
Pause en compagnie d’un Fantomas lointain...
Méfiez-vous, Fantômas est revenu. Il rôde dans tous les coins du Théâtre Royal du Parc.
L’auteur de la pièce, Thierry Janssen, a été inspiré par les deux grands auteurs disparus, Pierre Souvestre et Marcel Allain.
Thierry Janssen : Le 10 février dernier, Fantômas a eu 105 ans. Destiné à un public populaire, le plus vendu des romans-feuilletons a fini par toucher toutes les couches de la société. Les surréalistes s’en sont emparés, les intellectuels , les artistes , les écrivains les journalistes et la psychanalyse ont glosé sur son imagination , ses thématiques , sa portée politique , ses trouvailles stylistiques et dramaturgiques.
Les adaptations hommages, copies, parodies et détournements se comptent par centaines, sans doute même par milliers, dans tous les domaines.
Le Fantômas que je propose se veut un retour aux origines du mythe...Un spectacle d’aventures respectant les codes du genre, proposant des rebondissements en pagaille, des jeux de masques, des apparitions et disparitions, des mises en abyme , des courses-poursuites échevelées, des personnages pittoresques , tout en retrouvant l’atmosphère sombre , violente et débridée des romans feuilletons et ressuscitant la société du Paris de la belle Epoque !
J’ajouterai que pour interpréter ce Fantômas animal, théâtral, protéiforme, osant toutes les impostures avec la même audace, il fallait bien un performeur, un chien fou, une bête de scène comme Othmane Moumen.
Et Othmane s’est rendu libre pour jouer ce personnage unique. J’ai vu le spectacle ce jeudi 19/11.
Dois-je vous le dire, il est brillant, fantastique, incroyable dans ses compositions, car il y a plusieurs personnages en Fantômas...
Othmane est vraiment l’un de nos plus grands acteurs sachant non seulement jouer parfaitement la comédie, mais aussi un véritable acrobate. Et il ne manque pas d’en faire des acrobaties dans la pièce, du reste applaudi par un public chaleureux.
FANTOMAS
Thierry Janssen : Maître en communication , « professeur d’énergie » , agent subversif auréolé du « soleil noir du crime » , dandy affranchi de la morale commune à un époque d’intense révision des valeurs : Fantômas est tout cela à la fois. Il incarne une des formes de l’homme moderne.
On ne saurait donc s’étonner si, de tous ces feuilletons populaires aimés par les poètes , celui-ci laissa une empreinte aussi profonde dans le paysage mental de toute une génération.
Un spectacle en création mondiale...
Thierry Janssen a écrit une pièce superbe en lien total avec les « Fantômas » du passé ! Du bel ouvrage théâtral !
Pas de longues répliques ! Des dialogues courts et serrés .
Je pourrais encore vous dévoiler des tas de choses qui se passent sur scène , mais je ne veux pas les démasquer. Je préfère vous les laisser découvrir au théâtre . Du drôle ! Surprises !
Jasmina Douieb a réalisé une mise en scène vivante, animée, percutante.
En voyant la pièce, j’ai imaginé à plusieurs reprises un spectacle du Grand Guignol, à d’autres instants, comme une B.D. Jasmina a fait jouer ses acteurs d’une manière burlesque et volontairement excessive, donc porteuse du rire.
Les sept comédiens sont en superbe forme, exaltés, excités, entrés impeccablement dans leurs personnages :
Muriel Clairebourg Lady Beltham)
Jean-Marie Delhausse (Juve , sans jamais imité de Funès)
Didier Colfs ( Boglum)
Damien De Dobeleer ( Un magnfique Fandor)
Héloïse Jadoul (la belle Hélène)
Et Othmane Moumen( un éblouissant et dangereux Fantômas)
Mise en scène : Jasmina Douieb
Assistanat : Alexandre Drouet
Scénographie et Costumes : Thibaut De Coster et Charly Kleinermann
Masques, superbes maquillages et costumes : Urteza da Fonseca
Création lumière : Philippe Catalano
Vidéo : Jean Goovaerts (Excellent)
Musique : Sébastien Fernandez
Peinture des décors : Geneviève Périat)
Combats : Michelangelo Marchese
Aide à la réalisation des costumes : Sarah Duvert
Stagiaires maquillages : Gaëlle Aviles et François Noé Flament.
Direction technique : Gérard Verhulpen
Régie : David Lempereur
Régie plateau : Cécile Vannieuwerburgh ; Gilles Deprez, Vincent Lamer e Nicolas Loncke
Régie son : Jérémy Vanoost
Régie lumières : Noé Francq
Accessoiriste : Zouheir Farroukh
Habilleuse : Gwendoline Rose
Menuisiers :Yahia Azaydi, Shaban Rexhep , Patrick Cautaert
Stagiaire en régie : Clara Pinguet
Credit Photo : Isabelle De Beir
INFO
N’ayez aucune crainte lorsque vous entrerez dans la salle, vous entendrez des coups de feu , ce sont ceux de Fantômas.
Amis de l’émission/blog « Les Feux de la Rampe » , merci pour votre présence.
Fantômas vous surveille !
Notre moment de séparation : Ce soir à 20h55 sur France 2, un divertissement- souvenir en retrouvant l’un des grands animateurs de la Télévision Française : Jacques Martin à travers des extraits de ses émissions.
Lui et de nombreux de ses compagnons de jeu.
Un document télévisuel présenté par Laurent Ruquier.
A tout bientôt !
Roger Simons